On se souvient de l'opération Ajax. Depuis quelques semaines, plusieurs articles de presse évoquent un possible changement de régime en Iran, orchestré par les américains. C'est en tous les cas ce que prône John Bolton, ancien sous-secrétaire d'Etat américain et chercheur à l'American Enterprise Institute. Une position prise au sérieux par les lobby iraniens comme IRAN-RESIST qui donne bien entendu sa propre vision de la situation (à lire ici) en affirmant que cela annonce la stratégie du nouveau Président fraîchement nommé vis-à-vis de l'Iran : "En agent docile de la diplomatie américaine, Bolton a rangé son option militaire au placard pour prendre le train du retour cyclique des séparatistes de salon (qui comptent désormais dans leur rang des Moudjhaddines en surnombre). L’adhésion éclair de l’American Enterprise Institute au projet indique que ce dernier est au menu de l’approche Obama vis-à-vis de l’Iran. Obama fera du Bush."
L'option militaire est-elle écartée ? Rien n'est moins sûr. Le Think Tank néo-conservateur regrette depuis quelques mois le manque de stratégie notoire de la part de la maison blanche sur le problème du nucléaire iranien. Dans un article daté du 5 novembre, Michael Rubin déplore l'attitude de Bush : If Bush's statement was a red line then, today it appears to have been more a rhetorical flourish than a policy truth. Le Think Tank s'interroge sur l'utilisation de l'arme nucléaire par l'Iran, en particulier pour accomplir un acte idéologique, détruire Israël : Despite revisionist questioning about whether Iranian president Mahmoud Ahmadinejad really promised to "wipe Israel off the map,both University of North Dakota law professor Gregory S. Gordon and Joshua Teitelbaum, senior research fellow at the Moshe Dayan Center at the University of Tel Aviv, have chronicled well over a dozen recent Iranian statements promising Israel's destruction.
Il est clair que pour l'American Enterprise Institute, ce scénario est à prendre très au sérieux compte tenu de "l'idéologie suicidaire" du régime iranien. Pour le Think Tank, la lecture occidentale est biaisée. Pour évaluer la situation géopolitique, elle doit oublier ses valeurs. Il faut donc que les États-Unis se préparent, avec ses alliés dans la région, à l'éventualité dune opération militaire : In order to contain a nuclear Iran, the United States and its allies in the region will need to enhance their military capability to counter the likelihood of successful Iranian conventional action.
Pour Robert Kagan, conseiller de John McCain pendant l'élection, "il y a des raisons d'être inquiet. Mais les forces anti-iraniennes au Moyen-Orient sont plus puissantes que les forces anti-américaines. Il y a suffisamment d'alliés pour former une coalition."
Dans un article daté du 23 octobre dans Le Temps, John Bolton réaffirme son scepticisme concernant les instances internationales pour gérer ce type de problème, en particulier l'ONU : "Le cas de l'Iran révèle les vraies lacunes de l'ONU. Le problème du nucléaire iranien ne sera pas résolu au Conseil de sécurité. La Russie couvre la République islamique et a fait savoir qu'elle n'allait pas accepter de nouvelles sanctions. Elle a pourtant déjà réussi à diluer les trois premières résolutions contre Téhéran. Après cinq ans de diplomatie européenne, le seul résultat obtenu est d'avoir permis à l'Iran d'être cinq ans plus proche d'obtenir l'arme nucléaire. Personnellement, je partage la position du candidat John McCain. L'usage de la force contre le programme nucléaire iranien doit intervenir en dernier recours. Ce n'est pas une option souhaitable, mais c'est encore moins souhaitable d'être confronté à un Iran doté d'armes atomiques."
Pour John Bolton, l'OTAN serait une "alternative" possible à l'ONU. Il préconise de suivre la suggestion de José Maria Aznar de faire de l'OTAN "une organisation globale qui comprendrait aussi le Japon, l'Australie, Israël, Singapour et éventuellement d'autres pays. L'intérêt ? Cette organisation aurait des capacités militaires." L'option stratégique militaire contre l'Iran n'est jamais très loin.
Il reste à savoir quelle sera la politique américaine sous l'ère Obama pour régler le conflit iranien. S'éloignera-t-il des lignes directrices dessinées par les conservateurs ? Epousera-t-il les idées de l'American Enterprise Institute ? Comme G. Bush, il a réaffirmé sa volonté d'enrayer le programme iranien en invitant la communauté internationale à trouver une solution face à un pays qui "soutient des organisations terroristes" : "Je pense que la fabrication par l'Iran d'armes nucléaires est inacceptable. Nous devons organiser un effort international pour empêcher que cela puisse se produire."
A suivre.
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